Orgon (Laurent Capelluto) est persuadé d’avoir trouvé en Tartuffe (Pietro Pizzuti) l’âme sœur, le sauveur, le confident tant rêvé. Totalement séduit par le saint homme, il lui ouvre grand les portes de son logis et de son amitié. Il impose ce directeur de conscience à toute sa maisonnée, et bientôt le voilà de « cet homme entièrement coiffé » !
Mais Tartuffe est un mendiant, un usurpateur, un menteur infiniment séduisant qui va tournebouler le cerveau du maître de maison pour tenter de mettre toute la famille à ses pieds, la femme dans son lit, la fille à son bras et l’argent dans sa poche.

Le Tartuffe est une histoire d’abus de pouvoir. Celle d’un patriarche autoritaire qui entend tout régenter, et qui, par peur du monde tel qu’il va, se réfugie dans les bras d’un beau parleur-tricheur-manipulateur. Quand l’avenir est déroutant, il est plus facile pour certains en perte de repères, de se retourner vers d’anciennes valeurs morales « ayant fait leurs preuves », plutôt que de chercher à inventer de nouvelles voies.
Horrifié, désarçonné, l’entourage ne veut pas se laisser « Tartuffier ». Or, quand le pouvoir est concentré dans les mains d’un seul, il faut déployer des trésors d’ingéniosité et de courage pour parvenir à remettre un peu de raison dans la déraison et l’église au milieu du village.

Notre monde est rempli de ces fameux prédicateurs, faux dévots, faux bienveillants, vrais abuseurs, qui entendent régenter le monde par cupidité et besoin de domination. Molière, l’intemporel, n’a rien perdu de son universalité ni de sa verve et avec beaucoup d’humour nous incite une fois encore à aiguiser notre libre arbitre.