Deux acteurs fantastiques s’emparent de ce très grand roman de la Russie contemporaine pour nous plonger au cœur du pouvoir russe, où l’éminence grise de Poutine, l’énigmatique Vadim Baranov, va nous entrainer dans les arcanes de plus en plus sombres du système qu’il a contribué à mettre en place.

Voici un spectacle « matriochka » : sur scène, deux types commentent un roman écrit par un type qui raconte l’histoire d’un autre type, ex-artiste, qui réussit à aider un petit homme blond vêtu d’un costume en acrylique beige, à enfiler les habits du Tsar.

Lors d’une guerre, la première victime c’est la vérité, dit-on. Le mage du Kremlin est une fiction, mais une fiction réaliste, c’est-à-dire que tous les événements relatés sont avérés et que tous les personnages existent dans la réalité.

En l’interprétant sur scène, ce Mage offre un angle de vue trop rarement proposé : avoir un ennemi c’est accepter que nous soyons le sien. « L’ennemi est bête, il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui » disait Pierre Desproges. Parce que le fond est sérieux, l’humour et la légèreté seront les couleurs qui permettront de dessiner, même sur du noir.

En dévoilant les coulisses du système, le spectacle renforce l’acuité de notre sens critique, nous offre une sublime méditation sur le pouvoir, et au bout du compte sur notre aptitude à inventer la paix.